Réhabiliter l'ancienne chapelle des Sœurs Augustines Hospitalières du Clos (29 rue Monte au Ciel à Douarnenez)

Corpus universitaire

Opus : 

1.    La naissance des prêtres-marins (1938-1955). Juxtaposition progressive de modèles missionnaires de l’Eglise catholique dans le monde maritime en France au XXemesiècle. Thèse pour le doctorat d’Histoire, Université de Haute-Bretagne, Rennes II, 2 volumes, 1998, 700 pages. Publiée aux Presses Universitaires du Septentrion, Lille.


2.    Les nouvelles orientations apostoliques de l’Église catholique dans le monde maritime (marins de la pêche et du commerce), en France, 1930/1970, mémoire de DEA, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 1992, 168 p.


3.    Une chrétienté maritime au XIXèmesiècle : Douarnenez, 1800-1914, mémoire de maîtrise d’Histoire, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 1990, 283 p.


23 mars 2000 : Qualification aux fonctions de Maître de Conférences de l’Université  (Section 22 : Histoire et Civilisations).  Rapporteurs : Mme Annette Becker (Lille), M. Jean-Luc Marais (Angers).

23 février 1999 : Doctorat en Histoire. Université de Rennes 2. 
Mention optimale : très honorable avec félicitations du jury à l’unanimité.

 Jury :

M. Michel Lagrée, Professeur à l’Université de Rennes 2, président du Jury.
M. Claude Geslin, Professeur à l’Université de Rennes 2, directeur des recherches.
M. Yvon Tranvouez, Professeur à l’Université de Bretagne Occidentale, rapporteur, Brest.
M. Maurilio Guasco, Professeur à l’Université de Turin, rapporteur, (Italie).
Mgr André Lefeuvre, Consulteur de l’Apostolatus Maris International (Cité du Vatican).

 

1996/1999 : École supérieure de théologie de la Mission de France             (Paris).
     Centre Sèvres (Paris)
    Institut Catholique de Paris
      Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris)

 1986/1992 :    DEA (Histoire) Université de Bretagne Occidentale (Brest)
Maîtrise (mention très bien)
Licence
DEUG

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Le Monastère des Augustines

29 Rue Monte Au Ciel

29100 Douarnenez

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Chrétiens et ouvriers en France, 1937 à 1970

L'église et les Bretons

Sur la mer comme au ciel…

   Les marins sont des hommes sur la mer, qui chassent du poisson, qui transportent des marchandises ou des hommes. Pour l’Église catholique, les marins et les populations côtières forment des ensembles particuliers dont elle va envisager la prise en compte par secteurs géographiques et par secteurs d’activités. 

   Des communautés maritimes existent sur les marges littorales des traditionnelles paroisses, pour se trouver à proximité immédiate des lieux de pêche, souvent hors du giron de l’église-mère. Un habitat partiellement groupé, les enferme parfois dans des quasi-ghettos comme le Rosmeur à Douarnenez et  les “quartiers du port” dans plusieurs villes littorales. Les dossiers établis dans les différents évêchés pour revendiquer une émancipation religieuse de ces populations maritimes, mettent d’abord la plupart du temps en avant la distance géographique entre le bourg, l’église, et la zone d’habitat des marins. Près de Nantes, à Trescalan, l’action du curé se heurte selon lui « à une difficulté grave” : 
“L’église et la cure sont situées à l’intérieur des terres, à 2 km du port de la Turballe. Cette dernière agglomération n’a ni église, ni chapelle de secours, ni salle de réunions. Les pêcheurs et marins de La Turballe sont donc obligés de faire tous les dimanches 4 km pour avoir la messe. Or c’est le samedi soir qu’ils rentrent généralement de mer, et le dimanche matin ils ont à nettoyer leurs bateaux.”
   Un double mouvement entre des populations réclamant leur indépendance religieus et le souhait du clergé de répondre à des besoins spécifiques conduit à de nouvelles divisions ecclésiastiques le long des côtes. C’est dans le diocèse de Quimper que les érections de paroisses maritimes sont en France les plus nombreuses (une quinzaine de 1841 à 1951).

   A la fin du XIXème siècle, des œuvres éparses existent sur tout le littoral, essayant de porter assistance à tous les marins. Elles tentent surtout de venir en aide aux marins de commerce, à ceux de la Grande Pêche, et aux marins militaires, éloignés durant des mois de leur port d’attache.
   La Société Catholique des Marins à Saint-Pierre et Miquelon vient en aide aux marins de la grande pêche qui quittent les ports normands et bretons. L’œuvre des Orphelins de la Mer, est fondée en 1897. Une œuvre importante, celle de l’archiconfrérie de Notre Dame de la Mer est érigée dans de nombreux ports pour “faire prier pour les marins et leur assurer la protection de la Vierge, Étoile de la Mer”. Ces confréries ne sont pas simplement spirituelles et ont aussi une couleur sociale puisque souvent s’y agrègent, notamment après 1891, des syndicats mixtes et des caisses de secours mutuels. Les marins-pêcheurs peuvent quant à eux se rendre dans un des nombreux “Abris du Marin” de Jacques de Thézac. Dans ces foyers ou dans des locaux paroissiaux, des vicaires donnent aussi quelquefois des cours de perfectionnement à de jeunes marins et posent les bases de quelques écoles de pêche.
   Des foyers d’accueil reçoivent quant à eux les marins de commerce qui se retrouvent en escale dans les ports français. Au Havre, le foyer est ouvert et tenu par l’abbé Arson depuis 1925 et accueille en nombre les marins bretons. 

   Au début des années trente naît à Saint Malo la Jeunesse Maritime Chrétienne : la JMC. À l’exemple des autres mouvements d’Action catholique dite “spécialisée” comme la JOC pour les ouvriers, la JAC pour les paysans, la JMC doit former parmi les jeunes marins des militants chrétiens. La fédération JMC du Finistère devient la première de France. Son action est particulièrement remarquable durant la seconde guerre mondiale ; les marins sont à terre et peuvent enfin être rejoints par le clergé « terrien ».
   Profondément marquée par l’action du dominicain Louis-Joseph Lebret, co-fondateur de la JMC, les militants doivent transformer les structures du monde maritime français. Des institutions  nouvelles trouvent leur origine dans le mouvement qu’il initie notamment les EAM (Ecoles d’Apprentissage Maritime), actuels Lycées professionnels qui conduisent aux métiers de la mer.

   A partir de 1945 ce sont des séminaristes et des prêtres de la Mission de la Mer qui embarquent sur les bateaux de pêche et les navires de commerce. Ils ne sont pas des aumôniers du bord. A la manière des prêtres ouvriers, ils essaient de devenir des marins et d’être prêtre à partir de ce qu’ils deviennent. D’autres, comme les Petits Frères de Jésus, vivent de la spiritualité de Charles de Foucauld ; ils installent une communauté à Concarneau en 1949 et naviguent à la Pêche.  

J'ai gardé le cap

   Je n'ai jamais vu Albert Lohier. Je n'ai jamais parlé avec lui. Lorsqu'il meurt en 1986 je viens tout juste de quitter le lycée pour commencer mes études à l'université de Brest. Elles se termineront quelques années plus tard à Rennes par une thèse de doctorat en Histoire sur les prêtres marins. C'est là que j'ai rencontré Albert Lohier. C’est dans ce travail que j'ai appris l'existence de cet homme. C’est là que j'ai connu la vie qui l'animait. 
   Rencontrer un homme par delà la mort n'est pas une affaire de spiritisme. La démarche scientifique vérifiée par d’autres tout au long d’un travail qui mène à soutenir une thèse dans une université laïque de France n’est pas non plus compatible avec l’hagiographie, ni même avec l’hommage, encore moins avec le prosélytisme.
   Pour rencontrer Albert Lohier, j’ai pris connaissance de ce qu'il nous a laissé comme traces vraies de lui. Albert Lohier a écrit. Comme signes de ce qu'il est, il nous donne encore à lire aujourd'hui ses poèmes. Ils sont une mise en forme magnifique de ce qui le fondait. Sa famille, sa communauté, son pays. Bien mieux que moi, des femmes et des hommes de Normandie peuvent évoquer cet homme là. 
   Albert Lohier a aussi posé des mots sur ce qu'il a vécu comme marin. Sans y mettre une forme particulière, il a confié à des pages de courrier toutes les richesses et toutes les détresses du marin qu'il devenait. C’est dans ces mots là que je l’ai reconnu. Je suis Breton de Douarnenez, d'une famille de marins pêcheurs, éduqué dans le respect et souvent dans l’admiration de ceux qui s’éloignaient des côtes pour gagner l’existence des leurs dans des conditions de travail inhumaines. J’ai pu percevoir dans cet homme qui se confiait en phrases, toutes les interrogations, toute la joie et toute la souffrance d’un homme qui devenait marin. Il ne l'était pas. Il connaissait le métier depuis la terre. Il l'a connu ensuite par les récits des jeunes militants de la Jeunesse Maritime Chrétienne qu'il accompagnait, comme aumônier. Et puis le prêtre a embarqué. Au départ pour connaître un peu mieux ce métier des marges. Il est devenu un prêtre maritime. Et puis il a commencé à devenir un marin. Il est devenu un prêtre marin. Il a descendu petit à petit tous les barreaux de cette échelle d'incarnation qui conduit à être proche de ceux qu'il pensait instruire. Il est devenu marin et est demeuré prêtre à partir de ce qu’il devenait. 
   Albert Lohier a réussi ce que peu d’hommes ont pu accomplir. Il a vécu ces deux états. Celui de l’ouvrier de la mer, celui du marin, et celui du prêtre. Rome n’a jamais cru cela possible. En 1954 puis en 1959, le gouvernement de l’Eglise catholique considère le travail et les engagements ouvriers comme incompatibles avec l’état et la fonction de prêtre. « Rome condamne », comme le titrent les journaux à cette époque. Albert Lohier, lui, a gardé son cap. Sans louvoyer. Il a obéi à son Eglise, il a aussi obéi à sa conscience d’homme et de serviteur des hommes en demeurant le proche de ceux de la mer, dans son port, et dans les activités salariées qui lui permettaient de ne pas re-devenir le curé de presbytère qu’il ne voulait plus être.
   Un homme de la mer par sa famille et son pays. Un converti de la mer par le choix qui s’est imposé à lui de partager la condition des plus humbles, des moins proches de son Eglise. Un prêtre, au service de cette Eglise. Un homme, entier, solide et fragile, conscient des vanités de ce monde mais persuadé de la fécondité des paroles, des gestes et des mots posés en vérité.
   C’est tout le mérite de Charles Cerisier, son ami, d’avoir perçu cette transversale de la vérité qui traverse toute l’existence d’Albert Lohier. Elle est présente chez l’enfant, l’aumônier, le prêtre marin, le militant, l’écrivain. Elle est présente dans toutes les périodes que traverse l’homme : le temps de la découverte et de la vérification de sa vocation, celui de la guerre, celui des embarquements, celui du travail à terre, celui des poèmes. L’esprit demeure le même sur le chemin emprunté par Albert Lohier dans sa recherche de la vie et de la vérité. Merci à Charles Cerisier d’avoir exhumé des boîtes d’archives les mots et la voix qui nous permettent aujourd’hui de lire et d’écouter un homme que ses racines et son humanité profondes rendent très souvent universel.  

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